REMERCIEMENTS 

 

 

Je tiens à remercier Messieurs les professeurs Yves Durand et Jean-Louis Robert qui ont dirigé mes recherches ainsi que Madame le professeur Noëlle Dauphin. Par leurs conseils et leur rigueur pédagogique, ils ont pu m'aider à mener à bien cette entreprise.

 

Je joins à ces remerciements :

 

- le personnel des Archives Départementales du Loiret,

- les personnes du service des Archives Municipales d'Orléans pour leur gentillesse et leur disponibilité,

- l'abbé Dumesnil, responsable des archives de l'Evêché d'Orléans,

- l'abbé Louis Gaillard, sa grande érudition a enrichi mon étude en y apportant des informations introuvables dans les sources écrites,

- le père Jérôme de la Vigerie, curé de la paroisse Saint-Marceau,

- André Aubailly, président du comité de quartier d'Orléans-Saint-Marceau,

- Jean-Paul Imbault, qui a bien voulu me confier des documents de sa collection personnelle.

 

Par ailleurs, j'exprime ma reconnaissance aux proches qui m'ont aidé matériellement et moralement dans ce travail.

 

SOMMAIRE

 

 

INTRODUCTION

 

PREMIERE PARTIE : LA PAROISSE AU SORTIR DE LA REVOLUTION,

RUPTURE OU CONTINUITE ? (1789-1803)

 

DEUXIEME PARTIE : SAINT-MARCEAU A L'OMBRE DE SON VIEUX

CLOCHER (1801-1835)

 

A. La mise en place du régime concordataire

B. Les dernières années de l'Empire vues de Saint-Marceau

C. Saint-Marceau sous la Restauration

 

TROISIEME PARTIE : A L'EPREUVE DU TEMPS (1835-1880)

 

A. 1835-1880 : Un seul curé pour Saint-Marceau

B. L'encadrement de la population : religion et charité

C. Dans la tourmente des grandes crues décennales

 

QUATRIEME PARTIE : A LA CHARNIERE DE DEUX SIECLES,

LA MUTATION D'UNE PAROISSE (1880-1914)

 

A. Un début de redéfinition sociale du quartier

B. Une nouvelle église pour Saint-Marceau : dans le souvenir de Jeanne d'Arc

C. La fin du régime concordataire

 

CONCLUSION

INTRODUCTION

 

 

Présentation de la paroisse Saint-Marceau

 

Constituant l'un des faubourgs de la ville d'Orléans, la paroisse Saint-Marceau possède la particularité d'être située au sud de la Loire, dans la plaine alluviale du Val, à la différence du reste de la ville implantée au nord sur le coteau.

 

Son peuplement est très ancien : à l'époque romaine, une importante agglomération se développa sur la rive gauche de la Loire, au débouché d'un pont commandant la route de Paris. La population était attirée par les avantages commerciaux résultant de la situation privilégiée d'Orléans, installée au point le plus septentrional de la Loire et le plus proche de la Seine().

 

Le plan communal d'Orléans dressé en 1885 est très intéressant car il permet de situer le faubourg Saint-Marceau par rapport à l'ensemble de la commune et de le représenter dans sa totalité(). Faubourg très étendu entre Loire et Loiret (trois kilomètres du nord au sud et deux kilomètres de l'est à l'ouest), limitrophe de quatre communes au XIXème siècle(), Saint-Marceau possède un habitat de type urbain dans sa partie nord, le long de trois routes principales (en direction de Tours, Bourges et Sancerre), chacune portant le nom de Portereau, diminutif de porte désignant le passage fortifié constitué par le fort des Tourelles construit à l'entrée du pont et sur la rive sud du fleuve, haut-lieu de l'épopée de Jeanne d'Arc en 1429(). Ce terme ancien est encore employé sur le plan de 1885:

- à l'est, le Portereau du Coq, vers Saint-Jean-le-Blanc

- à l'ouest, le Portereau Tudelle, vers Saint-Pryvé-Saint-Mesmin

- au sud, l'ancien Portereau Saint-Marceau (plus mentionné sur le plan) car sur son parcours s'élève l'église consacrée à ce saint

La population de ces Portereaux travaille dans l'artisanat, la petite industrie et le commerce de proximité ainsi que dans les corps de métiers liés à la navigation fluviale (la batellerie).

 

Le faubourg Saint-Marceau présente cependant le visage d'un quartier encore très rural : sur le plan de 1885, une multitude de parcelles arables couvre la majeure partie de son territoire. Ces "clos" sont cultivés par des vignerons, des jardiniers, des horticulteurs et des arboriculteurs. De par sa position géographique et la nature de sa population, Saint-Marceau cultive depuis fort longtemps un sentiment de particularisme vis-à-vis du reste d'Orléans, au point qu'un journaliste natif de son sol veuille écrire un petit glossaire du quartier recensant le parler de son enfance qui semblait différer de celui du nord de la Loire(). Le même homme n'hésita pas non plus à faire de Saint-Marceau le point de départ du Midi de la France :

"(...) Cette séparation par notre grand fleuve de la cité-mère a eu pour résultat de permettre à Saint-Marceau de posséder jusqu'au commencement du XXème siècle un véritable particularisme. Et puis, -des gens en riront mais le fait est exact, géographiquement - Saint-Marceau est le commencement du Midi. Mais oui, lecteurs et lectrices qui comme nous, êtes nés sur la rive gauche, vous êtes des Méridionaux. Pour appuyer cette affirmation, voici une opinion de poids : celle du grand Frédéric Mistral lui-même. Dans une visite que nous lui faisions, alors que nous avions dix-huit ans, le poète de Mireille nous déclara : "Ce quartier Saint-Marceau est situé sur la rive gauche de la Loire. Il est réellement du Midi. En effet, les manuels scolaires, mis entre nos mains, quand nous étions à l'école primaire, définissent ainsi la Loire : "La Loire le plus grand fleuve de France prend sa source au Gerbier de Jonc et sépare la France du Nord de la France du Midi." Remarquez le mot "sépare". Donc tout ce qui est la rive gauche du fleuve est le Midi. Et puis, ajouta-t-il en riant, ce Midi on sait qu'il finit à la Méditerranée et aux Pyrénées : il faut bien qu'il commence quelque part""()

 

Ce particularisme géographique a entraîné un particularisme religieux, car à la différence des autres secteurs d'Orléans, la paroisse, cellule de base de la religion catholique issue du monde rural, coïncide avec un territoire administratif parfaitement délimité (par la Loire et d'autres communes)() susceptible de maintenir ou de favoriser le sentiment religieux dans une paroisse appartenant au XIXème siècle à l'un des diocèses les plus "froids" de France.

 

carte

 

Définition du sujet

 

Il s'agit donc pour nous d'étudier la place plus ou moins importante du sentiment religieux dans une paroisse à la fois urbaine et rurale, durant la période du régime concordataire (1801-1905). L'étendue de la période traitée (plus d'une centaine d'années), nous a imposé de traiter le sujet d'une manière chronologique en privilégiant toutefois les grands événements (quelquefois de portée nationale) et l'étude des diverses formes de pratique religieuse dans la paroisse Saint-Marceau, comme les oeuvres de charité et les établissements scolaires.

 

Pour mener à bien ce travail, nous nous sommes principalement appuyés sur l'activité de la Fabrique, établissement qui sous la forme d'un conseil et d'un bureau composés du desservant et de laïcs de la paroisse (appelés fabriciens ou marguilliers)() fut chargé de gérer les biens de l'église durant toute la période concordataire, comme dans toutes les paroisses françaises.

 

Afin de comprendre la situation de la paroisse Saint-Marceau dans les premières années du XIXème siècle, il nous a semblé nécessaire d'étudier dans une première partie les années révolutionnaires et leur impact sur l'exercice du culte.

 

Dans une seconde partie nous examinerons la mise en place de la législation issue du Concordat de 1801, appelée à durer plus de cent ans et les événements tragiques qui se déroulèrent à Saint-Marceau lors de la chute du régime napoléonien ainsi que l'époque de la Restauration.

 

L'importance et la variété des documents nous permettrons dans un troisième temps de nous attarder sur une vaste période de 45 ans (1835-1880) durant laquelle un seul prêtre dirigea la cure de Saint-Marceau. Les enquêtes de Félix Dupanloup, évêque d'Orléans de 1849 à 1878, favoriseront l'examen de l'encadrement religieux de la population par le clergé et les notables, alors que la paroisse est durement touchée par trois grandes crues destructrices.

 

Nous nous attacherons enfin aux dernières années du régime concordataire. A partir des années 1880, la paroisse Saint-Marceau subit une double mutation, celle de sa population (arrivée de familles bourgeoises aisées et enrichissement des jardiniers du faubourg) et celle de son paysage religieux, avec la construction d'une nouvelle église consacrée pour la première fois en France à Jeanne d'Arc. L'application de la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat (1905) sera étudiée au niveau paroissial, en notant les éléments de nouveauté ou de continuité permettant de souligner le poids des convictions religieuses dans la paroisse Saint-Marceau au XIXème siècle.